Personne à part entière. [PV. Ma bonne amie Angie XOX]

« Personne à part entière. » Angie & Clem. [Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image] Underco'

Rue de l’Allégeance. Tellement subtil comme nom. Comme s’ils voulaient vraiment nous transformer en de parfaites petites marionnettes qui ne font que répondre : « Oui, non… » Même pas. On n’aurait même pas le droit de dire non. « Mais bien sûr, vous avez toujours raison… » serait plus approprié pour les robots que nous sommes. Au moins, il y a plus de vie ici que dans les autres rues… à mon avis en tout cas. Il y a des fleurs. Déjà, ça met une touche de couleur. Et ça rassure. Juste un tout petit peu.

J’aime faire mes promenades quotidiennes. Je marche en fermant les yeux. J’imagine que je suis dans une grande vallée, s’étendant à l’infini, et que je suis libre. Libre. LIBRE.

Je me décide enfin à me lever de mon lit. Ça ne sert à rien de rester écrasée là, à gémir sur ma misérable vie. Je dois continuer à aller de l’avant. Et me battre. Et il faut que je le prouve par ma couverture insouciante. Je sors donc mon sourire d’artifice, celui de la fille un peu idiote qui ne comprend rien à rien de ce qui se passe. Je déteste d’être ainsi alors que parfois j’aurais envie de hurler. Je fouille un peu partout dans mon garde-robe, et j’en sors un jean legging, des sandales et mon t-shirt préféré, celui qui est bleu ciel et que c’est écrit : « J’aime Québec ». Très patriotique, n’est-ce pas?

Je sors dehors, humant l’air à pleins poumons. Je trouve souvent que ma maison sent le renfermé. J’imagine que le renfermé et l’odeur d’une prison, c’est la même chose. Je ne suis jamais entrée dans une prison pour criminels. Mais je suis sûre que ça se ressemble. Sûre à cent pour cent.

Mes sandales claquent sur le pavé. Pour l’instant, je me concentre un peu sur le bruit qu’ils font. Ça l’a l’air ennuyeux, vu comme ça, mais leur claquement régulier me rassure, d’une manière un peu étrange. C’est dur à comprendre, mais je me comprends.

Je croise quelques personnes au regard éteint dans la rue. Je leur souris, je leur dis bonjour parfois. Un peu plus, et je me mettrais à chanter : « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête… » Soupir.

Je salue distraitement une autre fille, jusqu’à ce je me rende compte que je ne l’ai jamais vue auparavant. Elle est jolie, vraiment. Mais le genre de beauté qui fait un peu peur, à mon avis. Elle me fait penser à la sorcière dans Raiponce, version blonde. Elle a la peau très pâle et les lèvres rouges. Beaucoup trop rouges. On dirait du sang. Elle est très bien habillée, en chemisier et tailleur. Comparée à moi, j’ai l’air d’une espèce de gamine qui revient du lycée.

- Hum…. Salut. Ça va?

Je ne trouve pas d’autre moyen intelligent de partir la conversation. Bien sûr que ça ne va pas. Personne ne va, ici. Mais je ne peux pas vraiment dire que je suis intimidée par cette personne. L’habit ne fait pas le moine, après tout… Seulement, je n’aime pas son regard. Il y a quelque chose que je déteste dedans. Et ne me demandez pas pourquoi, ça me donne envie de la regarder dans le blanc des yeux. Je suis comme ça… tellement contradictoire.

- Ça fait longtemps que tu es ici?

Combien de temps es-tu torturée journellement? Oui, parce que les coups mentaux peuvent souvent faire plus mal que les coups physiques. J’en ai fait l’expérience. Et je la fais encore aujourd’hui.
❥